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Mais qui est Venus, d’ailleurs ?

Ce qui interpelle et attire l’œil du lecteur au premier abord dans les créations des Venus d’ailleurs, c’est cette profusion de formes, cette multitude de possibles et d’expérimentations plastiques, poétiques, débridées et audacieuses. Se jouant des frontières des genres, le nom Venus d’Ailleurs devient le symbole d’un collectif extensible et hybride, sans domicile établi, où cohabitent artistes, et écrivains, mais également, ‘patascientifiques, ésotéristes, cinéastes, musiciens…
Avec le temps, le collectif se forge une identité polymorphe, intrigante, qui se déploie sur les tables de leurs lieux d’expositions, rappelant les cabinets de curiosités du XVIe siècle.

Extrait de Venus, etc…, Karine Marchand

 

 

A l’origine, il y a l’invention, en 2006, d’une revue par des artistes et des écrivains réunis autour d’Aurélie Aura et Yoan Armand Gil. Suivie très vite de la création d’une maison d’édition. En huit années, quinze numéros de la revue verront le jour, plus d’une soixantaine d’ouvrages (et autres projets éditoriaux) seront réalisés par plus de quatre-vingts auteurs et artistes. Plus quelques expositions…
Ce qui unit toutes ces personnalités dans Venus d’Ailleurs réside dans un esprit et une esthétique. Une conception du livre comme merveille, musée portatif, utopie libertaire à s’approprier, entreprise sans fin et espace collaboratif d’expérimentation graphique et littéraire. De beaux ouvrages, souvent de petits formats, peu chers, très soignés, sortent de l’Atelier Venus d’Ailleurs, imprimés par In Octo.
Ces Alice-là n’ont jamais douté de la qualité du lait de l’autre côté du miroir et, s’ils défi ent la rationalité, ils mettent en œuvre des dispositifs rigoureux tout en opérant des déplacements renversants, générant une lecture du monde à l’endroit et à l’envers. Ils partagent l’attrait pour des pratiques artistiques dans l’ordre de la combinatoire, du collage et du montage. Ils fréquentent les alentours du surréalisme, du dadaïsme, de Fluxus, et les formes liées à l’art de l’illusion, du rêve, du brut et du kitsch. Ils abusent du dissonant, de la circulation entre les arts et de l’exploration sans GPS.

Extrait de Étoile filante, Joëlle Busca

 

 

A travers les créations des artistes réunis ici, nous sentons qu’une attention toute particulière est portée aux représentations constituées par la mémoire confrontée au monde actuel…. Ils utilisent tous librement les images, mais dans le sens de l’idea maniériste où l’image est perçue par l’esprit. Ils créent une œuvre chargée de poésie, un univers personnel, parfois parallèle à celui qui nous est habituel. Ils construisent chacun un monde singulier. Ensemble, ils partagent une même forme de sensibilité qui permet la connivence affective et intellectuelle.
Une même vision du monde, nourrie par les souvenirs de l’enfance, le sens du merveilleux et de l’altération, enrichie par le « musée imaginaire ». Ces versions formelles, visuelles, spatiales et plastiques, incorporent des éléments hybrides du nouveau monde imaginaire de l’homme moderne (bande dessinée, cinéma, publicité, pop-up, etc.…). Des réseaux de significations apparaissent dans « leurs assemblages pluriels d’images en constellations.» Ils ne confondent pas l’image avec le mot en les associant sinon littéralement, comme pris au mot, au pied de la lettre, comme pied de nez ou coq à l’âne, comme mot-valise ou mot-objet…

Extrait de Théâtres de la mémoire, Bertrand Meyer Himhoff